Tour de France 2006

Photos

Oui, au cause d'une météo pas très conforme à cette saison, le tour a été perturbé, cela a donné, dans certains cas des aventures peu banales, dans notre cas nous avons du nous vacher 3 fois ! Ci-attaché 2 photos : sur la première prise à Sedan, vous reconnaitrez les "Charpentier" (pseudo alaincharpe) sur la seconde, prise à Bellegarde,  vous ne pourrez confondre cette machine avec une autre... 
Dimanche 6 août

Comme le Tour ULM passait par Sedan-Douzy, lors de la première étape, nous avions préparé et attendus l’arrivée des 130 machines, cela a contribué à une effervescence inhabituelle sur nos pistes. Déjà des visiteurs sont venus en vols (Luxembourg, Belgique, Lorraine, Champagne Ardenne) puis l’arrivée du TB10 de la DGAC avec Michèle et son équipe annonçant un décollage retardé à Amiens,  suivis de Zoé avec ses jeunes , venus en voiture. Enfin l’armada des participants se posait à un rythme soutenu sur la longue piste en herbe, petit vent de travers. Echanges de présentations entre le député-maire et le président Méreuze... France 3, la gazette locale, Radio-France Bleue, une suite d’interviews…quelle dense journée !Dommage qu’il y ait eu ce crash du FK9, incompréhensible perte de contrôle en dehors des 2 pistes, appareil foutu, occupants : quelques égratignures, ouf !Après ravitaillement en essence, restauration et briefing, les moteurs et pilotes, requinqués, s’envolent vers Dijon Darrois. A notre tour nous enfourchons notre Clipper et suivons le mouvement, c’est notre quatrième tour ULM.Le vent portant nous donne quelques km/h de bonus ce qui pronostique une directe vers Darrois avec passage quasi verticale de la base militaire de Chaumont. Voyage sans souci. La soirée-discours habituelle, météo, apéro, repas à longue queue puis repos sous la toile.

Lundi 7 août

Réveil pas trop matinal, premiers départs vers 9h30 pour traverser le Jura en Direction de Bellegarde, une jolie ballade sur la vallée de la Saône puis les premiers contreforts du massif.

Nous prenons une bonne altitude voyant le peu de vache disponible, lac de Vouglans, déjà apprécié en 2003, Oyonnax, puis une dernière crête passée nous découvrons la vallée de Bellegarde, une rapide descente  pour intégrer le tour de piste et nous voilà posés sur cette belle piste jurassienne. Chaleureux accueil du club local : un club avion heureux d’avoir réussi cette journée. Rencontre avec Alain Lederer, et surtout grande première : nous avons vu voler le Futura, l’autogire fétiche d’Alain, belle allure la machine !

Il fait beau en cette fin d’après-midi, mais la météo du couloir rhodanien, fort mistral,  nous interdit le départ vers Montélimar, une solution de secours est trouvée avec étape à la Tour du Pin. Nous décollons donc vers 18 heures pour une ballade d’une heure en suivant le Rhône : c’est magnifique, sous l’éclairage du couchant, ce paysage restera un grand souvenir, entre Jura et Alpes avec le lac du Bourget en toile de fond, heureux ceux qui sont basés dans cette région, je pense à Yenne. L’arrivée à la Tour du Pin est cafouilleuse, beaucoup ne savent pas prendre le petit train de la large vent arrière et se retrouve en situation limite en finale, nombreuses remises de gaz. Enfin c’est une leçon pour beaucoup, il y a même un multiaxe qui s’est annoncé « short petrol » il a certainement paniqué vu qu’il avait fait 3 ou 4 remises de gaz ! heureusement que l’étape était courte !

Mardi 8 août.

On se lève un peu plus tôt pour une maudite journée.La météorologue apporte un grain d’optimisme et bien que le mistral souffle toujours dans le vallée du Rhône, il nous est déconseillé de descendre vers Montélimar mais de filer le plus directement possible vers Millau, d’après les prévisionistes météo, le vent devait être moins fort sur le massif. Nous programmons de passer par Vienne, St Rambert et de bifurquer vers le massif central à ce niveau. La zone montagneuse de l’Ardèche nous offre des turbulences  insensées, en montant à 6000 pieds pour atteindre la laminaire, le GPS indique quelques fois plus de 170 km/h, pas mal pour un pendulaire. Compte tenu que mon réservoir, au départ, n’était pas rempli jusqu’au bouchon nous prévoyons de recharger quelques litres à Aubenas. Dans ces conditions de turbulences, nous avons la hantise de la panne sèche…. J’amorce une descente vers la cuvette d’Aubenas, c’est là que je sens que les instants suivants seront les plus terribles de mon expérience de pendulaire, situation quasi incontrôlable !J’aborde néanmoins la vent arrière de l’aérodrome lorsque j’entends, à la radio du tour, un pilote pendulaire déconseillant formellement d’atterrir, mais je suis déjà en base et le voyant décoller, je me dis : çà doit le faire quand même ! 

Pas de possibilité d’appuyer sur le bouton PTT , d’ailleurs je suis toujours sur la fréquence du tour, il faut absolument se concentrer sur le contrôle du trapèze. L’Afis compréhensif ne nous en voudra pas. Finale avec moteur à 5500 –6000 t/min, je me bats contre les coups de vents irréguliers en force et direction. Le posé s’effectue à une vitesse sol ridicule, mais même au sol une grand vigilance s’impose pour maintenir l’aile lors du virage vers le parking. Heureusement l’instructeur du club local, ULM Safari, est accouru pour nous aider à parquer à l’abri des hangars. Un deuxième pendulaire nous suit quelques min après : c’est Médéric, le plus jeune équipage du tour, chapeau !Un troisième pendulaire n’a pas la même chance, après un posé impeccable, le 180° sur la piste lui a été fatal : le pendulaire se retourne avec les occupants, deux bons gaillards impuissants devant la rafale qui a tordu la fixation de l’aile, out ! Le Storch de Benoit et Léa s’intègre et pose correctement ainsi qu’un dernier pendulaire. Arrivée de l’hélicoptère du Tour pour le constat de l’incident.Nous refuelons un trentaine de litres et nous alignons au départ, aidé de trois au quatre personnes.Décollage turbulent, mais montée rassurante,  nous constatons notre faible vitesse sol car deux minutes après le décollage nous avons toujours le bout de la piste en dessous! On bifurque vers l’ouest espérant monter plus vite. Force est de constater que même avec un régime moteur élevé, la machine a un mal fou à regagner une altitude plus confortable, un 360 et nous sommes toujours en vue de l’aérodrome, décourageant. Enfin nous prenons le cap vers Millau en forçant les tours pour atteindre les plateaux des Causses. Nous sommes trempés de sueur.Nous reconnaissons les gorges du Tarn, passons verticale Florac, comme en 2004, puis les gorges de la Jonte et enfin Millau, coup d’œil sur le viaduc, et piste de Millau-Larzac en vue, posé assez « hard » , Nous sommes presque les derniers arrivés, bien fatigués, soulagés! En tapotant sur mon GPS, je relève que la vitesse max enregistrée est de 193 km/h, affollant.Repos, refueling, puis vers cinq heures voyant que le vent ne mollît pas, j’aurai presque proposé à ma moitié de dormir au motel et de partir tranquillement demain, sans compter sur  le stimuli donné par Jack Krine qui nous assure que 50 km plus loin il n’y plus de turbulences…Alors on repart, décollage sous contrôle de l’Afis de Millau, en direction de Montpezat.Constat : la composante de vent nous ralentit de 20 km/h, tout de suite on refait mentalement les calculs et de se dire «  on sera trop juste en essence » à partir de se moment on se met dans l’idée que l’on fera une halte pour avitailler. On passe Cassagnes Beghonès, il y a du monde au hangar mais c’est peut-être un peu tôt pour s‘arrêter.

 

Sur les ondes du Tour, d’autres pendulaires ainsi qu’un autogyre prévoient un arrêt : c’est Caylus qui est choisi mais c’est pas de chance. La piste est dangereuse, trop près d’un rideau d’arbres et de plus le propriétaire est en procès avec le voisinage. Galère : avec Dominique Cervo, nous réquisitionnons une aimable voisine pour essayer de trouver bidons + essence pour 4 machines. Il est 20h30, après deux heures de recherche nous avons le précieux liquide. Dosages dans les machines, Dominique s’envole le premier comptant arriver à la limite de la nuit aéronautique. Les pendulaires décollent avec l’espoir fou de faire de même. Un DTA part le premier, nous sommes n°2, décollons face au vent et à la ligne HT. Après la montée nous dégageant du risque de la ligne électrique nous virons et apercevons une aile delta cachée sous un rideau d’arbres : « serait-ce quelqu’un qui n’a pas voulu nous rencontrer ? » (Bien plus tard nous apprendrons que c’était le crash du pendulaire nous précédant ). Nous voici, lancés pour atteindre Montpezat avec suffisamment d’essence , malheureusement, le soleil commençait à disparaître à l’horizon et le GPS indiquait 85 km à parcourir et une vitesse sol de 75 km/h. Je lance un appel sur la fréquence tour pour inciter les deux pendulaires nous accompagnant de chercher un terrain accueillant : pas de réponse ! Eh bien,  à nous maintenant, nous sommes dans le très vallonné Quercy Blanc, je dis à mon épouse : « regardes bien les terrains, les lignes électriques, essayons de trouver la bonne vache » 

 

« Ici, en fond de vallée, un terrain de foot éclairé, trop court…allons voir sur le plateau, une fermette…. Un terrain déchaumé, terre calcaire blanche bien visible dans le crépuscule, il a l’air assez plat »Décision : je passe en radada pour voir s’il c’est posable, je règle le trim en tortue…je vois bien les chaumes maintenant, çà a l’air jouable, allez je pose….Au contact des roues, c’est trop tard, c’est un champ de cailloux déchaumé aléatoirement avec des ornières de 30 cm, le tricycle fait des bonds de cabri, les cailloux giclent de toutes parts, la baignoire du Clipper en récupère un kilo , la machine est vite freinée. Je me dis : «  je dois avoir au moins un pneu de crevé et le train avant plié ! » Miracle ! rien de tout cela, la machine est nickel ! pas même un éclat dans l’hélice, merci Air Création d’avoir fait une machine aussi solide !En bout du champ, nous rangeons la monture, nous sommes à 50 m de la ferme.J’y descends pendant que Thérèse récupère ses sens et prépare la machine pour la nuit.« Bonsoir Messieurs ! »  le père et le fils sont entrain de rentrer les volailles récalcitrantes dans le poulailler, «… nous venons d’atterrir dans votre champ juste au-dessus car nous ne pouvions rejoindre Montpezat à cause de la nuit …nous aurions besoin d’un peu d’eau , nous dormirons près de notre machine … »Et le fermier de répondre « ne vous inquiétez pas ! Vous et votre machine, êtes en sécurité chez nous ! vous êtes bienvenus, nous allons vous aider, vous dormirez bien plus confortablement à la ferme et puis vous êtes bien arrivés à Montpezat…. »« ??!! Bizarre, Monpezat est à 80 km d’après mon GPS »Explication : nous sommes à Montpezat de Quercy alors que l’on nous attend à Montpezat en Agenais, quelle coïncidence !  Néanmoins admirablement reçus dans une ferme bio avec un petit chalet, un bon lit, du pain, du fromage, de l’eau, des tomates , des fruits tous ces produits issus de la ferme. Après tant d’émotions, la nuit nous envahi pour un juste repos.

Mercredi 9 août.

Réveillés par le chant des coqs, nous petit déjeunons bio et nous nous préparons pour un décollage en campagne. Après examen du terrain de la veille, il nous apparaît trop risqué pour un décollage sécurisé. Nous faisons le tour du propriétaire et portons notre choix sur un petit champ de luzerne fraîchement coupée en légère pente en fond de vallée. Démontage de la machine, l’aile est transportée sur une remorque, le tricycle est conduit sur une chemin d’environ 1 km aboutissant au champ de décollage. Déplacement des rouleaux de foins hors du champ, remontage, vérifications, nous sommes prêts pour rejoindre l’autre Montpezat.Une heure plus tard nous découvrons le site de cette magnifique base ULM, il est midi, c’est l’heure de la détente, on retrouve les amis,  on apprend que nous sommes pas les seuls à ne pas avoir été de la soirée festive des 20 ans de la base mais on a vécu autre chose ! Repas avec produits locaux, après-midi très cool, reposant.

Après St Jean, de sublimes propriétés des 17ème  et 18ème  siècles transforment le parcours en un rallye touristique, voyeurs… oui un peu mais c’est beau …apprécions !  

L’arrivée à Couhé est sans problème, longue piste que nous avions connue l’an passé, une belle animation du club local, discours et surtout un Apéro original à base de Cognac. La soirée sera courte, nous ressentons la fatigue des journées précédentes. La nuit, sereine

On est bien à Montpezat, heureux les basés de cet endroit magnifique : c’est effectivement une des plus belles bases jamais rencontrées , nous y resterions bien quelques jours, …à prévoir dans nos futures ballades. Ce qui est surprenant c’est que cette base privée tout a fait réglementaire, capable d’accueillir avions et ULM ne figure pas sur  les cartes OACI 1/500000 alors qu’on y trouve des pistes hasardeuses comme Caylus par exemple ?!

 

On est le Jeudi 10 août

 

et le Tour continue, briefing matinal, le vent du nord a faibli mais reste contrariant au regard de notre vitesse de croisière, peu importe, les étapes d’aujourd’hui sont plus courtes, 150 km et 120km l’après-midi. Les équipages décollent dès 9h30 et personne n’est vraiment pressé. On caracole vers Jonzac, passons verticale Ste Foy la grande,  nous atteignons la destination sans retard. Posé avec un petit vent de travers. Il est bientôt midi, et le casse croûte sorti des sacs nous revigore. Lors du briefing nous écoutons le discours d’un capitaine de la base aérienne de Cognac qui nous explique pourquoi nous devons contourner la CTR par l’ouest, cela rallonge un peu la route mais cela permettra d’approcher la côte et certains prévoient l’île d’Oléron.

Contents de décoller pour rejoindre Couhé Vérac, à 1000 pieds, nous nous dirigeons plein ouest vers l’estuaire de la Gironde que nous longeons jusque Royan. Les rides sur l’eau confirment que le vent souffle de NNO. Cet endroit valait le détour, surtout que nous ne connaissions pas du tout. Nous changeons de cap, direction St Jean d’Angély, on laisse Saintes à main droite.

 

Vendredi 11 Août,   La météo, toujours pas nickel, déjà prévu au Briefing de la veille, contrarie le plan de la journée.

Le Mans, n’est pas possible, alors l’organisation nous a trouvé une solution : ce sera Grange Dieu (Levroux) ainsi nous n’aurons pas le vent de face mais quasi de travers et moins de pluie.

Le vol  s’effectue avec une grande attention sur la carte afin de ne pas se laisser dériver.  Nous passons par la Brenne comme lors de notre virée à Hautefaye en mai. Dommage qu’il fasse gris et froid à l’arrivée dans cette charmante base de Grange Dieu. C’est là que nous apprenons que l’un des participants, avec un  Quicksilver, a bravé la météo et s’est retrouvé seul au Mans : il n’avait pas suivi les briefings d’hier et de ce matin !

Refueling, casse croûte et re-briefing pour la route vers Mondreville. Plusieurs possibilités, traverser la Sologne, ou l’éviter par l’Ouest ou l’Est. Nous choisissons l’Est, car nous voulions passer par le Berry, Vierzon et survoler les Châteaux de la Chapelle D’Angilon et de la Verrerie, un coin que nous sommes entrain de découvrir par ailleurs….

 

Nous retrouvons la Loire à Gien, la Centrale nucléaire à distance respectable à main gauche. Nous filons, plein Nord, dans un vent contrariant et des grains, vers Mondreville. Sur la fréquence du tour nous constatons le trafic intense dans le circuit, et surtout les conseils de prudence renouvelés par Michèle, notre aiguilleur du ciel. Sans être en alerte, nous sentons que c’est chaud. Effectivement la visi pas très claire, gène quelque peu la bonne marche du petit train et les intégrations dans la vent arrière sont assez aléatoires, un pendulaire vient justement  d’intégrer devant moi, pas de panique, je freine… !!. Notre aterro est rock and roll et Michèle m’encourage : « bravo pour le kiss landing ?! »  d’accord mais c’est avant que je me suis fait peur !

Enfin posé pas cassé, vraiment la météo est pire que ce midi, vent rafaleux. On descend l’aile pour mieux l’arrimer, très vite on se retrouve à la buvette du club, devant un bon cardinal (kir au vin rouge), on aurait presque aimé un vin chaud !

Gentille animation, c’est également l’apéritif traditionnel de l’équipe de mécaniciens Péyo et Gérard, la soirée réchauffe nos corps. On entend dire que demain, dernière étape,  le retour vers Amiens sera par le plus court chemin, exit Val de Reuil, dommage, nous aurions tant aimé découvrir les méandres de la Seine sous une belle lumière d’été….une autre fois peut-être !

Avant de s’endormir, nous préparons notre sortie du Tour pour demain.

Samedi 12 Août,  

 

La décision de l’organisation est de nous faire passer par Château-Thierry, comme étape intermédiare, avant de rejoindre Amiens. Avec Denis, d’Epernay Plivot (pendulaire) et Benoit de Bar le Duc (storch) nous avons choisi de rentrer à la maison sachant que la perturbation allait durer plusieurs jours. Ce n’est pas la peine de se faire coincer en Picardie…  

Accord de la direction des vols, nous décollons pour la direction de Pont sur Yonne, Sézanne, Epernay et Sedan en promettant d’informer Zoé de notre progression.

A 9 heures, décollage avec Denis, cap vers Pont sur Yonne, des stratus épars (4/8) se présentent devant et nous incitent à voler au dessus. Superbes éclairages. Par radio, sur la fréquence blabla, nous échangeons nos observations : « Attention si cela se referme il faudra vite redescendre… »

« Non, çà va encore on voit bien le sol…par endroits…. D’ailleurs on arrive près de Pont sur Yonne » Quelques instants plus tard : « c’est bizarre je vois le terrain à main droite mais je ne vois pas la colline avec l’antenne ?…. »  Ce repère manquait.

« On doit être bien plus haut que l’antenne ! » Effectivement on vole à 2200 pieds et elle est signalée à 1250. Bon on continue…cap sur Sézanne

« Est-ce que tu vois la centrale de Nogent ? »

« Non pas encore » quelques trouées nous montrent encore, tantôt de la forêt, un village ou des champs, l’horizon n’est que nuages, puis sur la droite, les fumées de deux tours de refroidissement dépassent la couche, nos deux pendulaires sont espacés de 5 à 600 m.

« Je pense que c’est le dernier carat, il faut redescendre »

Chacun de son coté, nous plongeons dans la dernière ouverture, heureusement !

La descente fut très longue, la spirale que nous  engageons ne peut éviter de rentrer dans un nuage en ressortir un peu plus tard, y rentrer dans un autre plus épais, angoissant, jusqu’au moment ou nous apercevons la végétation : ce sont les arbres d’une petite forêt, la pluie s’est mise à tomber durant la descente, nous découvrons une campagne avec quelques cultures et tentons de retrouver le cap. Par radio, Denis : «  Je suis sorti, je me pose dans un champ…»

A ce moment , la pluie cingle sur le casque et m’oblige à lever la visière pour améliorer ma vision.

« Une ligne électrique, juste devant » me crie Thérèse, « ….Oui.. je la vois, je cherche un endroit pour me poser également…. »

Un terrain, pas encore déchaumé, près d’un hameau, atterro pas trop chahuté mais la terre est un peu molle, il pleut à seaux, nous restons à l’abri de l’aile, bâchons le moteur. La pluie semble se réduire, j’en profite pour aller voir la première maison. Une gentille dame senior m’accueille mais je me rends vite compte, qu’elle ne peut pas grand chose pour nous.

Je regarde les possibilités de décoller dès que la pluie aura cessé et que le plafond sera plus net. Le plus sûr est de décoller sur la route départementale qui pour une fois n’a pas de talus, pas de poteau téléphonique. Remise en route moteur, traversée du champ pour arriver directement sur la route, elle est bien droite, dans l’axe du vent,  un automobiliste, qui passait par là, se propose de bloquer la circulation en amont, il remonte d’un bon km ,jusqu’à disparaître au prochain virage, nous laissant une piste de boeing.

 

L’agriculteur, sympa,  nous a prêté main forte pour enlever ces accessoires de roues, tirer la machine hors du champ, nettoyer le train.

La pluie a cessé et les stratus ont disparus laissant un ciel nuageux avec plafond à 1000 pieds au moins avec visi sup.à 20km. Notre pendulaire tout terrain est prêt à décoller dans le pré à bétail nous avons 130 mètres en légère descente, avant une clôture. L’herbage est parsemé de nombreuses galettes de bouses de vaches …. en arrivant à Sedan Douzy nous constatons que la terre à vaches laisse des traces !!!

Il est  3 heures de l’après-midi, un coup de fil à Zoé pour annoncer que l’équipage 99 est sain et sauf et bien heureux d’être à la maison.

Ultimes vérifs, gaz, et nous voilà repartis pour survoler Sézanne quelques minutes après.

Jusque Epernay, pas énormément de plafond, mais pas de grains. Un écran de Cumulos bien noirs devant nous, nous contraignent à faire un complet à Epernay. Devant un bon café, nous apprenons que Denis s’est bien vaché mais ne veux plus repartir, sa machine reviendra sur la remorque du Club.

Sans que l’on puisse parler d’éclaircie, le ciel s’ouvre un peu en direction des Ardennes, impatients, à 100 km de notre base, nous décidons d’y aller.

Le temps change vite et nous retrouvons rapidement des grains que nous essayons de contourner. Puis dans la vallée de l’Aisne, des stratus bas nous bloquent le passage vers les premières crêtes ardennaises. Dans la poisse, nous essayons de nous frayer un chemin, bien que connaissant parfaitement cette région, le vol à vue devient risqué, d’autant que nous savons que de grosses lignes HT vont se présenter quelques km plus loin.  Le GPS m’indique ETE : 16 min 30

Tant pis, il faut se vacher à nouveau ! Des pâtures avec un troupeau…euh non, une terre déchaumée qui abouti à la ferme ? on y va !

Posé très court !!!  impeccable… mais en mettant les gaz pour rouler jusque la ferme, la machine reste immobile !

Il pleut depuis 3 jours, la terre est argileuse et chargée de paille, bien collante : les trois roues se sont chargées jusqu’à remplir les carénages, ceux-ci ont été entraînés et se sont arrachés de leur fixation et se sont placés sous la roue, un peu comme des patins.

 

 

 

En conclusion, ce Tour, malmené par une météo régulièrement mauvaise, aura tout de même permis à de nombreux équipages de prendre des décisions imprévues. De ce fait les risques ont été augmentés, peut-être une conséquence :  plus de casse que d’habitude .

C’était notre quatrième tour, sûrement le plus difficile ! Néanmoins nous sommes très heureux de l’avoir fait.

Un grand merci et félicitations à l’Organisation, toujours mieux rodée, qui a su modifier le parcours afin de minimiser les risques liés aux conditions de vol.

 

 

Jéro Hajewski
ULM SEDAN.FR
Photos du tour de France 2006
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